Friday, August 14, 2020

Aquarelle Berbere : Un Poeme pour " Le Cahier Errant " - dedique a Nacer Amari

La lumiere du matin etait douce, chaude, bleue, et faisait vibrer les couleurs rose, violette, rouge, pourpre, des pois de senteurs et des ipomees avec une brillance eclatante, ivre. Le bleu du ciel paraissait une caresse venue d'une main grande et gentille, qui me touchait la joue comme le sait faire un amant attentif amoureux. J'aspirais a pleins poumons le delire delicat de la brise qui avait un gout de miel, et pour un bref moment de joie innocente, je m'imagineais que dans la brise, une part de son oxygene que je buvais avec telle surprise reconnaissante, avait un peu de ton haleine, de ton esprit, venu sur cette brise de bienveillance, de l'Algerie, de la Kabylie, infusee avec l'air de ses montagnes, du Djurdjura, de ses plages, de son soleil, de sa lune et de ses etoiles. C'etait une belle aquarelle imaginaire, ou le bleu du ciel et son parfum, etait un manteau grand qui m'enveloppait avec une lumiere et chaleur bleue, qui devenait ma robe, et me rappelait un conte de fee ou une jeune fille trouvait un fil et aiguille enchantee qui lui permettait de coudre de beaux habits, en couleurs du soleil, du ciel, de la nuit et ses etoiles et lune. Comme est belle l'imagination, qui nous permet de nous evader un peu de la realite, surtout dans ce monde fou en ce moment ou la verite souffre des insultes et coups de la part de mensonges et malice brutales que les pouvoirs en charge lui font subir. Ce moment de reverie de la part d'une aquarelle me venu du monde berbere, faisait du bien, donnait de l'espoir, me faisait oublier pour un moment la brutalite policiere ici contre la population noire, contre les jeunes gens, qui marchent dans les villes du pays depuis des mois de demonstrations, en protestation contre ce racisme, contre ce fascisme naiscent, et la brutalite policiere qui inclut aussi maintenant les journalistes, ce qui devrait etre cause d'alarme dans un pays ou les droits humains sont garantis par sa constitution, un de ses droits etant la liberte d'expression, ce qui apparemment ces jours ici est en grave danger d'etre detruite, aneantie, ce qui m'a inspiree ce poeme dedique a ton art, a l'innocence, a l'espoir, a tout ce qui reste au monde, dans la nature, dans le coeur humain, de verite, de dignite : 

Aquarelle Berbere


Si pour un bref, doux moment, on peut arreter la folie du monde et ses aberrations, si pour une seconde de bonheur, la beaute de la lumiere bleue chaude du ciel rapproche le monde d'ici avec ton monde berbere, et son energie, son courage et sa resistance, 

je crois que cette etincelle, cet eclat precieux et fort, est de grande importance, est la graine qui insiste de survivre sur cette terre, qui insiste de fleurir malgre toute opposition, toute tempete cruelle, cette aquarelle berbere, que dessine l'amitie, que dessine ton art, que je registre, que je note, comme la voix d'un troubadour, pour le tambour de l'histoire.

J'aspire la douceur bleue du ciel, je la bois comme de l'eau fraiche, cette presence berbere, cette beaute et innocence qu'est le bonheur et ce qui en reste sur cette terre, de la part de ses guerriers et poetes, qui refusent d'avoir peur, qui refusent d'eteindre le feu du courage, du bien, qui risquent tout pour detruire le mal et ses poisons, et ses horreurs qui vivent dans le froid et le noir d'ames mortes. 

                                                                        * * * * * 

Donnez - moi ces moments de beaute, de joie, de ciels chauds et brillants, ou l'haleine berbere me venue de loin, donne de l'oxygene a mon coeur de poete, donne de l'oxygene a travers le partage, aux artistes et reveurs rebelles de cette terre, qui n'acceptent pas de vivre morts pour plaire. 

Douce, belle aquarelle berbere, qui peint ses couleurs et lumieres dans le ciel ici du Pacifique nord - ouest, qui laisse sa chaleur s'unir avec la chaleur des montagnes et rives de l'Algerie, de la Kabylie si fiere, reste un moment, chante ta chanson, danse ta danse, dessine tes lignes joyeueses et audaces, grandes. 


Trudi Ralston

   

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