Une vue de loin peut etre rassurante, se trouver a une certaine distance du monde qui nous entoure produit une certaine serenite, qui permet retrouver le centre de notre etre. Voir la beaute de la nature, ses vistas grandioses tel des tableaux peints a une distance comme le faisaient les peintres du mouvement romantique, peut etre une experience tres calmante, et la photographie de la nature est tres consciente de ce benefice aesthetique et spirituelle. Le jeune photographe berbere d'Aokas, Narim Senoune, a suivi cette intuition avec ses photos du 6 juillet, une serie de 8 photos qui sont une belle repetition d'une singuliere vue maritime d'en haut, ou la mer et ses rives aux ondulations de silhouettes de montagnes expriment une ambiance sincere de paix, de vide reconfortante, d'espace, de silence, de calme. Les huit photos montrent la meme vue a des moments differents, en pleine lumiere du jour, avec le soir qui arrive, et cette repetition inspire un sens de meditation, qui est tres agreable, qui rappelle un peu la nostalgie des diapositives des annees soixantes du XXeme siecle. Cette rassurance que donne un paysage tranquil, comme le fait le peintre anglais David Hockney ( 1937 ) qui est considere un des peintres de plus grande importance du XXeme siecle, et qui fut part du mouvement du pop art des annees 1960, evoque ce sens de paix, de silents paysages ou l'esprit peut se ressourcer l'energie. La repetition dans les photos de Narim Senoune d'une meme scene dans des differents moments de couleurs, de lumiere, ajoutent un sentiment extra de cet effet therapeutique qu'a la nature, surtout dans des moments de grande detresse, comme cette pandemie du virus Covid a su plonger l'humanite perplexe. La nature nous observe, en silence, et sa presence, comme un sphinx suspecte, sert comme un immense decor theatrale qu'on veut visiter pour de la direction, pour des reponses, des sagesses, du soulagement, du courage. Voir le meme motif plusieurs fois donne une assurance que la nature qui nous entoure est au moins une realite qui nous est bien connue, qui ne va pas changer, sauf un peu de facon naturelle, dans des couleurs differentes, de l'aube et du soir. Ceci est une assurance importante, quand tout autour de nous est incertain, meme dangereux, tout le temps, a cause d'un virus qui comme un ennemi inconnu et invisible cause des centaines de milliers de morts et des millions de malades en juste quelques mois sur toute la terre, il n'y a pas une facon de l'echapper sa realite tres troublante. La nature en Algerie est connue pour sa beaute, et la nature en Kabylie avec son littoral immense et ses montagnes imposantes et anciennes, m'a laissee une impression permanente sur le coeur et ame de poete pendant mon sejour en septembre 2019. Sa nature m'a redefinie comme ecrivaine, et je cherche sa nature aussi maintenant dans les photos de ses artistes berberes de la Kabylie, dans les moments de detresse et incertitudes que nous en donne pleins cette pandemie et ses frustrations intenses. Retourner a l'Algerie etait l'intention pour cet octobre, esperons que ce sera en mars 2021, si cette pandemie se resoude. Pour le moment, les citoyens des Etats Unis sont interdits de voyager a plus au moins 99% des pays du monde, a cause de l'indifference catastrophique du gouvernement ici face a ce defi, qui a laissee deja plus de 150,000 de personnes mortes, qui est une honte et calamite inconcevable. Voir les photos de la belle nature en Kabylie, ou mon coeur de poete reve la nuit, a un effet positif, qui donne de l'espoir, et qui me rappelle le courage de l'esprit berbere, qui me rappelle que la nature en Algerie est liee au courage de son peuple face a des invasions interminables, et deux guerres dans la seconde partie du XXeme siecle, la Guerre de l'Independance de 1954 - 1962 et la Guerre Civile, la Decennie Noire de 1991 - 2002. L'esprit de courage, de determination, du peuple algerien est legendaire. Sa nature a cette noblesse, car elle est saturee de l'histoire du pays, comme les montagnes d'Ifri, que j'ai pu visiter et le musee qui fait honneur aux martyrs et heros de la Guerre de l'Independance. La nature de la Kabylie a une force spirituelle qui est tres emouvante, ce sera une grande joie y retourner, et de continuer de connaitre et explorer sa culture, histoire et nature, et de rencontrer a nouveau ma famille d'amis et photographes artistes berberes. L'album de Narim Senoune est tres opportun dans ce moment de detresse, de doute, avec sa rassurante nostalgie de paysages qui me sont connus, qui a travers leur repetition gentille et fiere, inspirent la confiance, et le calme de l'espoir. Malgre des efforts nefastes et tetus de la part de l'egoisme humain, de son avarice, de son appetit sadique pour le pouvoir, la nature reste fidele, et donne sa beaute que le talent des photographes des artistes d'Aokas savent creer dans des magnifiques photos et leurs contes et poemes visuels, qu'ils partagent avec abondance, elan, energie, enthousiasme et originalite. Je souhaite bonne continuation a Narim Senoune et tous ses collegues photographes de la belle, courageuse Kabylie.
Trudi Ralston
La recherche sur le peintre anglais David Hockney, courtoisie de Wikipedia.
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