Le 20 septembre le photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, a partage deux portraits en noir et blanc d'une jeune enfant, Ritaj, de qui ses yeux me suivent depuis, des yeux innocents, pleine de reflections et perspectives profondes de la part de cette belle enfant kabyle. Le premier des deux portraits met le regard de Ritaj au centre de l'attention du spectateur. Les yeux sont la raison d'etre de la pose dans ce tableau magnifique, ou Ritaj est telle une belle fleur aux petales fines et sensibles, comme une grande rose ou orchidee splendide, et ou ses yeux sont le centre de lumiere qu'absorbe la presence physique de l'enfant avec sa coiffure abondante de cheveux qui lui definent le visage delicat comme autant de soyeuses petales. Le second portrait montre Ritaj avec les yeux detournes pour une pose reflexive, interieure ou l'enfant est absorbee dans un monde interieur, dehors de la perspective du photographe, qui ainsi sait evoquer l'intimite affective et artistique de ce moment precieux. La photographie de Nacer Amari est toujours une invitation reflexive, qu'il sait peindre avec une precision soigneuse et une palette affective calme et variee. Ses photos invitent le silence, la musique qui s'annonce entre les lignes des ombres et lumieres. Interessant aussi que ses photos invitent une exploration pas seulement du monde interieur de son sujet, mais d'egale mesure du monde interieur du spectateur. Les deux portraits de Ritaj me font revivre des emotions profondes, une qui remonte a mon enfance, et une autre emotion qui remonte a la douleur de ne pas avoir eu une fille sur cette terre, comme mon fils est mon enfant unique. La memoire de mon enfance remonte a un portrait fait par un photographe professionnel comme Nacer Amari, de la part de mes parents, quand j'avais 5 ans, une serie de plusieurs photos en blanc et noir, ou l'expression sur mon visage variait entre curiosite et timidite, entre question et amusement. L'expression des yeux de Ritaj dans la premiere photo que lui a fait Nacer Amari me rappelle l'expression que j'avais et de qui le souvenir m'est restee, et toutes ces annees plus tard, ce moment inquisitif de ma part m'est possible de revisiter grace au portrait de Ritaj. Je me rappelle tres bien la photo me prise a 5 ans, car mon pere aimait beaucoup l'expression du regard, tandis que ma mere le voyait avec un mepris evident, elle souvent s'amusait avec des facons de me rendre triste ou insecure, et mon pere alors redoublait l'effort pour me rassurer. Moi j'avais decidee que j'aimais bien la photo au regard intense, et voir la photo de Ritaj ou ses yeux sont le centre du tableau, de sa presence visuelle et affective - artistique m'a reveillee une determination positive envers la photo du portrait de mon enfance, lui a effacee une fois pour toute la timidite et le doute quant a sa confiance, sa fierte. La seconde emotion qui me fait affronter le fait que je n'ai pas une fille, est dans un sens liee a la premiere. Apres la naissance de mon fils, quand j'avais 35 ans, une serie de circonstances contradictoires et impossibles ont assurees que je n'ai pas concue une seconde enfant, et la chance pour une fille s'est effacee comme ca, consequence d'une logique impitoyable, finale. J'etais entre deux precipices sans aucune echellle ou secours, sans aucune voix ou charite visible ou croyable. J'aime beaucoup les enfants, et avec le temps ma tendresse envers eux n'a qu'agrandie, surtout envers les filles et petites filles de mes amis et amies, car j'y vois ma propre innocence et espoir qui a du et su se remettre de ce detour du destin que ma vie a subie et d'ou je me suis sortie quand meme avec courage et humilite. " On a tous quelque chose qui ne va nulle part ", m'a dit un camarade berbere, " La vie est comme ca, l'important c'est d'avancer quand - meme. " Les deux portraits de Ritaj sont une melodie d'espoir, de beaute tranquille, du courage de la tendresse des coeurs d'enfants.
La technique de mettre au centre les yeux dans le portrait d'une personne est une technique qui etait utilisee par les maitres de la peinture de la Renaissance et du Baroque, comme le maitre polymathe Leonardo da Vinci ( 1452 - 1519 ), dans ses portraits dont le plus fameux et controversiel qu'est son portrait de la Mona Lisa de 1503, et par Rembrandt van Rijn ( 1606 - 1669 ), le peintre exceptionnel de l'Age d'Or dans la peinture des Pays Bas. L'artiste mexicaine Frida Kahlo ( 1907 - 1954 ), connue pour ses portraits et auto - portraits surrealistes et symbolistes, utilisait cette technique de centrer les yeux comme protagoniste de ses compositions. Dans le monde de la photographie aussi, mettre le regard, l'expression des yeux au centre de la composition, au centre de l'attention visuelle et affective - artistique est un talent recherche que Nacer Amari domine tres bien, comme le fait le photographe contemporain de l'Inde, Hiren Khambhayta dans ses portraits evocatifs. La photographie de Nacer Amari possede cette qualite intellectuelle d'inviter le spectateur au centre de la vitesse d'obturation, au centre, au coeur de l'objectif artistique - visuel de la photo. C'est une philosophie creative qui invite et permet une narration autonome, et inclusive, qui celebre la culture et nature kabyle de l'Algerie, et inclut un esprit universel quant a perspectives affectives et reflexives. C'est cette philosophie qui permet au photographe berbere de celebrer ses racines berberes et d'inviter une tolerance et interet au - dela de frontieres geographiques, sociales et politiques pour une conversation qui donne beaucoup d'espoir, beaucoup d'initiatives car elle souligne ce qui nous unit comme famille d'etres humains. La photographie de Nacer Amari sera celebree dans un livre de ma part qui sera publie en octobre de cette annee, et il y a deja une quantite d'articles et poemes dediques a un livre suivant, car le dialogue, la conversation que sait creer la perspective creative - intellectuelle de la part du photographe d'Aokas donne fruit a beaucoup d'enthousiasme et conviction litteraire et culturelle de la part de cette ecrivaine flamande - americaine qui en Algerie, au coeur de la Kabylie trouve une source inepuisable d'inspiration, de beaute, dignite, espoir et courage, une lumiere brillante dans un monde qui risque de se perdre dans le noir de la craute la plus minable, celle de l'indifference. Vive la passion, la vision, la beaute, l'intelligence, la grace et la generosite creative de l'art, comme elle se manifeste dans les photographes de la Kabylie, comme elle se define si claire, si fiere dans l'art unique de Nacer Amari.
Trudi Ralston
La recherche sur les artistes de la technique de centrer le regard dans les portraits, courtoisie de Wikipedia.
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