Saturday, September 12, 2020

L'Etang, le Cerf et Rainer - Maria Rilke - dans la serie " Le Cahier Errant " dedique a Nacer Amari

Les incendies en Californie, et aussi a Oregon, l'etat juste en dessous de Washington State, ont baissees les temperatures ici de 25 degres Celsius a 16 degres Celsius, en moins de 24 heures. Il y dans l'air la senteur du soufre et une fumee grise comme un brouillard envahissant enveloppe le ciel. Il n'y a pas de beaux nuages blancs en ce moment, pas de ciel turquoise, et les oiseaux du matin restent silencieux. La nuit, une ou deux petites etoiles intrepides risquent se pousser a travers le rideau lourd du noir. Je me rappelle comme etait envoutant la nuit il y a plusieurs semaines, quand la planete Venus se voyait grande et doree, un enorme bijou dans le ciel rempli d'etoiles etincelantes, et comme c'etait un moment d'espoir et confiance. Ce matin, la lumiere s'est levee jaunatre, pale et incertaine de sa couleur et sa presence. La foret a l'autre cote de la cloture au fond du jardin avait quelques ecureuils qui traversaient la route des branches hautes des sapins pour venir manger les noisettes de nos arbres. L'ombre silencieuse de la foret avait une aura de calme, et je pensais aux cerfs qui parfois venaient chercher de l'eau, surtout avec ce manque de pluie et la fumee, quelle angoisse pour les animaux de la foret, qui doivent se demander quel est le desastre cette fois que les etres humains ont su creer. Je pensais a ton art, a ton amitie, a son esprit tranquil, et sur ce sentier de reflections, je me trouvais face au poete qui pour moi illustre l'esprit de ta photographie, sa philosophie meditative, introspective, le poete Rainer - Maria Rilke, de qui ses pensees me visitent souvent depuis mon introduction a ton art. L'image m'est venu d'un cerf venu boire a un etang au bord de la foret. Cette image illustre l'effet que savent produire tes photos, les reflections et sentiments qu'elles savent evoquer. Rainer - Maria Rilke ( 1875 - 1926 ) s'il aurait ete peintre aurait ete un artiste d'aquarelles, parcequ'il sait creer tout un monde, avec juste quelques lignes, quelques mots exactes, avec des pensees qui sont comme des fleurs desquelles les petales delicates ne rendent pas immediatement croyables la presence de racines resistantes et profondes. Ainsi est ta photographie, on y retourne comme vers une plage favorie, une melodie aimee, un souvenir cheri. Il y a un calme et une rassurance dans tes portraits d'enfants et d'adultes, dans tes tableaux de natures mortes, dans tes paysages, dans tes photos maritimes, dans tes fleurs. Tout invite la paix, la pause, la reflection, on se sent comme un cerf au bord de cet etang d'une foret calme, ombreuse, loin du bruit du monde et ses exigences. Comme le cerf on boit de cette eau tranquille que sont tes photos, et avec cette eau fraiche, claire, on se met a nouveau en route. Avec la soif etanchee, la soif de l'ame et du coeur pour un monde ou les images rendent croyables l'espoir et la nostalgie pour un monde gueri, ce qui m'a inspiree ce poeme, en reconnaissance de cet effort de la part de ta photographie : 

L'Etang et Le Cerf


Le matin quand le monde est encore moitie endormi, avec la malaise des doutes que seme cette pandemie, un cerf vient visiter l'etang au bord de la foret, un cerf qui a soif et cherche de l'eau fraiche pour se rassurer.

Dans l'ombre accueillante des arbres et leurs chants et murmures, le cerf s'approche timidement et comprend qu'il n'y a pas de danger, qu'ici pour un bon moment, elle peut se detendre, elle peut trouver ses forces, son courage. 

Buvant en toute tranquillite, le cerf se recupere l'energie, elle boit lentement, avec beaucoup de reconnaissance pour ce regal lui accorde apres une longue marche avec un soleil brulant qui parle de feu et de flammes. 

La generosite de l'etang est telle que le cerf se recupere avec dignite de la soif, et l'etang s'en est conscient sans aucune arrogance. Ainsi est l'esprit de la personne qui donne sans vanite de son talent et de sa personne. 

Le regal que fait ta photographie ne s'impose pas comme le fait un ocean ou mer turbulent ou exigeant, n'insiste pas avec la force d'une cascade a haute volume et visible passion, avec des eaux aux grandes voix qui exigent l'adoration comme recompense de ses nymphes et de ses compagnes. 

Ton art est le bonheur du silence de la foret avec au bord l'etang accueillant, qui sait satisfaire la soif qu'a au coeur et ame le cerf voyageur sur le chemin long et seul sur lequel elle se trouve trop souvent. 

Ton art est la solitude protegee que celebre dans ses poemes et reflections Rainer - Maria Rilke, et que tu partages dans ta photographie avec une devotion sincere. 


Trudi Ralston     

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