Wednesday, September 9, 2020

Courage Berbere : La Lecon du Vent - dans la serie " Le Cahier Errant "

Parfois, ca m'arrive de m'imaginer etre un oiseau grand, qui sait voler, les ailes etendues, au - dela des toits des maisons, qui sait engager le vent et les nuages en conversation. Ce matin, un vent sec et chaud venu du sud tient nerveux aux gens ici, car souvent ce vent annonce des incendies, comme en Californie, ou c'est la pire ete avec des chaleurs etouffantes et des incendies partout avec un soleil en colere a pres de 50 degres Celsius. C'est rare ici a Olympia de perdre l'eclectricite en ete, cela nous arrive surtout en automne et hiver, quand les vents arrivent et les tempetes, qui font tomber les grands sapins epuises sur les lignes electriques. Parfois cette coupure de l'electricite dure juste quelques heures, ou un jour, mais quand mon fils etait petit, il y avait un hiver avec beaucoup de neige et glace, qui se sont mises sur les lignes et on a perdu l'electricite, et l'eau, pour 11 jours. Heureusement qu'on a une cheminee, et qu'on assure toujours d'avoir assez de bois de chauffage, c'etait la seule facon de chauffer la maison. On a du aller en ville pour manger, pour se laver dans les douches d'un des gyms de l'hopital ou travaillait mon mari a l'epoque. Apres, on s'est achete un generateur, et tous les voisins autour ont fait de meme. En hiver, cela arrive, qu'avec une perte d'electricite, le bruit unique qu'on entend partout dans le voisinage, c'est les generateurs. La perte de l'electricite, comme hier, a cause d'un vent d'ete rare et intense, annonce toujours avec une immediate arrogance un silence total. Il n'y a pas de telephone, pas de lumiere, pas d'internet, pas de radio, rien que le silence epuise d'un monde qui oublie chaque fois la vulnerabilite de ses artifices et ses defenses. Je suis contente que ma passion pour les broderies n'exige pas d'utils technologiques au moins, c'est a elle que je retourne dans ses coupures d'electricite, quand le bruit du generateur me permet la tranquilite confiante de mon fil et aiguille. Quand on perd l'electricite, les authorites s'occupent surtout des gens en ville, comme c'est la ou est le commerce, et nous ici, un peu a la campagne, on nous laisse souvent avec nos propres initiatives, comme l'achat de generateurs, comme on s'est rendu compte qu'on n'est pas une priorite quant a emergences. Je pense souvent a mes amis berberes en Kabylie, a leurs histoires de courage pendant les defis presque incessantes que la vie leur exige, du point de vue historique, avec deux guerres en 70 ans, avec des conflits politiques et sociales qui sont part de la vie quotidienne, sans que le peuple perde courage, energie ou initiative. Les gens des villages kabyles souvent reparent eux memes les degats d'une tempete, les routes d'impasses, s'aident entre eux en cas d'emergence, s'encouragent mutuellement, c'est un courage tres contagieux. Dans les communautes berberes, on celebre ensemble, on console, on honore ensemble, et on pleure ensemble, et aussi, on n'oublie pas de rire ensemble. Cette pandemie illustre les defauts enormes d'un monde egoiste, ou le pouvoir et l'argent dominent tout sur cette terre, et souvent le courage qu'il me faut pour rester positive, optimiste, me vient de l'exemple berbere que je vois en Kabylie, dans ce refus d'abandonner l'espoir, la charite, la generosite, c'est vraiement impressionnant. La souffrance est acceptee, et habillee avec l'amitie, la tendresse, la sagesse, la beaute comme elle se montre dans la culture berbere, sa musique, sa nature, ses habits, son histoire, ses traditions, il y a une reserve inepuisable d'energie qui refuse de ceder, qui lutte chaque jour a nouveau pour une chance au bonheur, a la dignite, a la liberte, il y a dans l'ame et le coeur berbere un feu eternel de resistance qui ne s'eteint pas. Cet example digne et fier m'inspire chaque jour a continuer de partager mon admiration pour la culture berbere, qui me donne beaucoup de courage comme poete et ecrivaine, ici dans ce pays perdu, egare, ou la population essaie de ne pas perdre courage face a un gouvernement lache et egoiste, face a une part de cette population qui a une mentalite inutile de paresse ideologique, de racisme, d'indifference fatale envers ce qu'est un futur decent et juste envers tous, une part de la population qui se donne a la violence, au mepris envers les minorites du pays, qui se donnent a des idees fascistes qui applaudent la brutalite policiere, qui se moquent des pauvres ici, c'est un cauchemar quotidien en ce moment, qui rappelle les ideologies des nazis des annees 1930 qui ont menes aux horreurs inoncevables de la Seconde Guerre Mondiale. Je pense a la Revolution du Sourire en Algerie, ce mouvement democratique paisible unique dans l'histoire du monde, ou des centaines de milliers de citoyens algeriens se reunissaient pour marcher en paix, ensemble, de tous ages, ideologies, hommes , femmes, enfants, dans une demonstration puissante d'unite comme peuple, un fait incroyable de charite, d'unite, de courage, de vision. Ici, le gouvernement sourit avec indifference pendant que la police tue a des citoyens, meme des enfants, avec complete authorite, et sans consequences, ou on peut arriver a une marche avec une arme, et tuer a une personne avec qui on n'est pas d'accord, et si on est de droite et blanc, la police et les authorites te le pardonnent. C'est le contraire le plus effrayant de que symbolise la Revolution du Sourire en Algerie, ou il  y avait des moments d'un effort notable de ne pas faire mal aux marcheurs. Il n'y a pas de Revolution du Sourire ici, il y a une revolte des fascistes, et c'est vraiment effrayant. Il n'y a pas de courage berbere ici, et le courage que si existe, dans des jeunes qui risquent leur vie pour confronter ce fascisme, ce courage est abattu avec feroce indifference. En Algerie, il y a de l'espoir, ici, on se plonge avec chaque nouveau jour dans un neant ideologique de proportions qui approchent l'apocalyptique. Donne moi le courage berbere, donne moi sa generosite, sa sagesse, sa charite, sa resistance, son coeur ouvert, tolerant, donne moi l'exemple de la Revolution du Sourire, et ses beaux enfants, hommes et femmes kabyles. 

Trudi Ralston   

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