Monday, April 2, 2018

A la Poursuite du Lapin Blanc de Lewis Carroll : Les Forets Enchantes de Djamil Diboune

Le 30 et 31 mars, le photographe de la nature Djamil Diboune, a initie une serie d'albums qui se centrent autour du theme d'arbres, inspire par des visites aux forets de sa region natale apres les inondations recentes en Kabylie. La serie a commence par une photo du 30 mars, qui montre la force de l'eau abondante coulant avec force encore entre trois arbres, une fois que les pluies avaient cessees. Les arbres dans cette photo sont en arriere plan, mais deja leur presence les presente comme temoins de deluge. Le photographe de la nature a suivi cette photo par 26 photos du meme jour, ou l'eau domine de facon angoissante malgre le retour du soleil. Cet album est comme une introduction a deux photos suivantes qui sont comme le premier acte dans le drame des albums qui suivent le 31 mars et le premier avril. La premiere photo est d'un arbre grand dont le tronc a une ouverture triangulaire notable, presque comme une porte. La photo m'a bouleversee avec son impact qui m'a fait penser immediatement au livre de Charles Dodgson (1832 - 1898 ),  mieux connu sous son nom de plume Lewis Carroll : " Alice au Pays des Merveilles " de 1865.  Ce qui est interessant de cet auteur anglais eduque a Oxford, est qu'il etait aussi un mathematicien respecte et aussi un photographe assez renomme. L'ouverture dans l'arbre de la photo de Djamil Diboune fait apparaitre l'image de la jeune Alice dans le conte de Lewis Carroll, quand elle decouvre le trou dans l'arbre dans lequel elle a vu disparaitre le lapin blanc que sa curiosite a fait poursuivre. La chute dans le trou du lapin donne entree, a travers des tas de cles et portes magiques, a un pays de merveilles. La photo de Djamil Diboune est parfaite pour l'analogie, un arbre costeau, au centre du terrain couvert de mousse verte couverte a son tour en part avec de la neige, ce qui donne la photo une belle composition de couleurs ainsi qu'ambiance. La photo qui suit cette prise intrigante, aussi du 31 mars, montre un arbre coupe, jusqu'au sol de la foret, avec au centre du tronc un trou rond et profond. L'image prend au depourvu, et est merveilleux comme segonde acte dans ce drame si bien concu de la part de l'intuition artistique du photographe, on peut presque entendre la voix de la precoce Alice tombant sans recours toute la longueur du trou enchante. Une fois au fond du trou, Alice retrouve brevement le lapin angoisse, et le perd encore. Le lapin blanc repete tout le temps le meme refrain : ..." Je suis en retard pour une date tres importante !"... avec dans sa main une montre a gousset. Le monde des arbres dans les photos de Djamil Diboune evoque une atmosphere d'enchantement, pour l'ambiance de mystere et silence desquels le photographe sait les insuffler. Les arbres de la terre eux aussi sont presses, pour des etres humains qui se rendent compte de l'urgence de leur souffrances, et pour la conscience que leur souffrances deviendront nos tragedies, si l'humanite ne repond pas a temps a cette crise trop reelle. Il y a un element tres poetique dans le fait que les albums recents des arbres de Djamil Diboune evoquent le monde enchante des livres de contes de Lewis Carroll. Une rencontre symbolique de deux artistes qui se rend possible a travers l'image d'un trou d'arbre, a travers l'imagination du mot ecrit de Lewis Carroll dans l'Angleterre du 19ieme siecle, et a travers l'imagination de l'oeil photographique de Djamil Diboune dans la Kabylie de l'Algerie du 21ieme siecle. Lewis Carroll donnait une critique sur la societe de son temps, et Djamil Diboune a un message au- dela, quant a l'urgence globale pour une reponse responsable aux dangers des changements de climat . L'ecrivain algerien - canadien, lui aissi originaire de la Kabylie, Louenas Hassani, impressionne le monde literaire maintenant avec son roman " La Republique de l'Abime ", ou les personnages creent un monde souterrain ou peut vivre la liberte d'expression, parceque a la surface la terreur d'un regime dictatoriale ne permet pas telle joies et droits. La photo du tronc au trou grand du photographe kabyle me rappelle cet image, parceque malheureusement la presence de dictatures sur terre a une ombre menacante qui parait devenir plus grande avec chacque jour qui passe. L'idee ainsi d'un sanctuaire souterrain a un appel tres opportun, du point de vue ecologique avec la planete envahie par le probleme geant de la  pollution de l'air, de l'eau, et du sol.  Le grand trou, la grande ouverture triangulaire des photos des deux arbres de Djamil Diboune rend conscient ce desir de vouloir fuire les problemes enormes de la planete, pour un monde imaginaire ou l'harmonie et la paix existent, dans la nature et dans les etres humains. Les deux albums du premier avril impressionnent, et sont  la troisieme et quatrieme acte dans ce drame evocatif. Le premier de ces albums a 30 photos, le segond 21, et cette discipline de la part du photographe kabyle de faire des collections narratives est parfaite pour le contenu des arbres et leurs messages dramatiques. Ce premier des deux albums montre la nature deja d'une attitude tranquille, la presence de l'eau excessive n'est plus de facon menacante. Une des photos dans cette serie est touchante pour la soumission des arbres au pouvoir de la nature, la 12ieme prise montre 10 arbres jeunes et minces, le bas de leurs tronc trampes dans l'eau, avec un reflet melancholique de leurs silhouettes dans l'eau boueuse. C'est une photo qui rappelle les gravures et lithographes de l'artiste neerlandais, Maurits Cornelis Escher, mieux connu sous le nom M. C. Escher ( 1898 - 1972 ), et specifiquement " Flaque " ( 1952 ) et " Trois Mondes " ( 1955 ). La photo de Djamil Diboune evoque le meme sens d'angoisse existencielle, ce qui n'est pas surprenant, vu que l'art de M. C. Escher montre souvent des labyrinthes elabores en conception et execution, comme il etait eduque comme architecte et influence par le surrealisme el le cubisme, et le realisme, dont temoignent exemples celebres comme " Main avec Sphere Reflechissante " ( 1935 ), " Relativite " ( 1953 ) et " Cascade " ( 1961 ). En 1922, il a fait un voyage en Espagne , visitant a Madrid, Toledo et Grenada. C'est a Grenada que M.C. Escher a decouvert sa fascination pour l'arquitecture de l'Alhambra, une fascination qui a duree toute sa vie et qui a inspire, base sur la complexite des symmetries geometriques des mosaiques des murs et plafonds de l'enorme palais renomme, un UNESCO World Heritage Site, son interet dans les mathematiques de tessalation, qui ont eu une influence profonde sur son art. C'est beau que la photo du photographe berbere de la Kabylie des arbres somnalants dans l'eau ont evoques cette connection a l'oeuvre de M.C. Escher, qui lui a son tour etait influence par l'art de l'Alhambra.
La 16ieme photo dans cet album introduit encore un tronc d'arbre coupe, avec une ouverture grande, celle plus douce, couverte de mousse, comme si le monde secret de l'arbre n'est plus accessible a la curiosite humaine. La 20ieme photo montre un abre epais, vieux, dont le tronc parait reveler le visage sage de l'esprit de l'arbre, un visage qui parait exprimer que du mepris pour l'ignorance humaine quant a l'importance ecologique des forets. La 21ieme photo montre ce qui reste d'un vieux arbre, un tronc qui parait avoir su se liberer du monde enchante, avec son apparence d'une tete de dragon enorme, un peu surpris et confus. La 22ieme photo parait etre une creature des livres  " Le Seigneur des Anneaux  ", avec un arbre immense, vu de la perspective d'en bas, un vieux arbre aux branches tordues et noueuses, un arbre imposant qui parait etre une incarnation de toute la sagesse de la foret. C'est une photo merveilleusement bien faite, qui montre la perspective de l'arbre, un talent bien maitrise dans l'art de Djamil Diboune et son monde de flore et faune et paysages berberes. Un tel arbre fascinant et intrigant apparait aussi dans le segond des 2 albums du 1 avril, dans la 7ieme photo. La perspective cette fois est de face, d'un arbre dont les branches tordues sont presque une symphonie de defi quant aux conditions survecues, une tres belle photo avec la couleur de l'arbre ancien noir- gris contre un ciel pacifique et azure. Dans le segond album, la serenite est prevalente, comme un geste encore de la nature qui pardonne toujours, donnant toujours aux etres humains une autre chance, comme est evident dans le detail elegant de la part de Djamil Diboune par la presence de 3 photos delicates de petites fleurs jaunes et bleues parsemees a travers les deux albums du 1 avril.
Comme dramaturge intelligent et intuitif, le photographe de la nature berbere finit ce beau drame et ses actes au esprit des theatres anciens qu'est le monde de ces albums, avec une photo qui fait penser, une photo qui est comme un avertissement, ensemble avec l'espoir et la beaute : une photo de deux arbres entrelaces , vieux, patients,  le bas de leurs troncs gemeles trampes dans l'eau boueuse. On peut entendre leurs voix anciennes tremuleuses dans cette foret ancienne et sacree : " Cave ergo hominis ", " Que l'etre humain prenne garde ".
Les albums des derniers jours du photographe kabyle temoignent encore une fois de la capacite de Djamil Diboune de fasciner, d'apprendre, d'emerveiller avec ses avontures visuelles aussi profondes qu'elles sont belles.

L'information sur l'auteur Lewis Carroll, l'artiste M. C. Escher, et " Le Seigneur des Anneaux " de J. R. R. Tolkien, courtoisie de Wikipedia,
ainsi que l'information sur le palais de l'Alhambra. 

  

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